Bonsoir!

Il est minuit 22 minutes.

Une autre page nocturne...

Vous vous êtes déjà demandé pourquoi vous naissez, vous souffrez, et vous mourrez? Oui, je sais, la vie, c'est plus que des souffrances perpétuelles. La vie, c'est même très joyeux parfois. Moi-même, je file le presque parfait bonheur avec Claude. Si je dis presque, ce n'est pas de sa faute. Je suis capable de me rendre malheureuse toute seule. Comme une grande. Ce qui me rend folle, c'est la société. La société est malade. Pourquoi croyez-vous que le taux de suicide au Québec soit si haut? Sûrement pas parce que tout est rose. Les gens, les jeunes en ont marre de la pourriture qui nous tombe dessus tous les jours. Lisez les journaux (je ne les lis plus moi) et trouvez un jour, un seul où on ne vous annonce pas des meurtres, des viols, des vols, des séquestrations. Vous m'informerez si vous trouvez. On fera une grande fête ce jour-là. Ce sera le jour de l'impossible. Et puis de toute façon, même s'il y a un jour où l'on a pas peur de sortir le soir sans penser que peut-être on peut se faire déchirer les entrailles par un psychopathe, il y aura toujours la pauvreté, les dictatures, les cons. Les cons surtout. Vous savez ce genre de personnes complètement puériles, même à l'âge assez avancée de 18-19 ans? Il y a aussi les cons de 40 ans, ceux qui n'ont pas réalisé encore que la vie c'est autre chose que les bars de danseuses, la bière, la coke et le chèque de B.S. Non, je ne fais pas de jugement contre ceux qui reçoivent du bien-être social, mais contre ceux qui en reçoivent et qui ne devraient pas. Comme des gens dans ma famille. Une grosse famille d'hypocrites. Ce sont ces gens là qui peuvent travailler, mais qui ne le font pas. Parce qu'ils sont tout simplement paresseux. Ce n'est même pas parce qu'ils n'en ont pas les capacités. C'est parce qu'ils sont trop gelés pour aller en chercher. Il y a une des cousines de ma mère qui a compris. Elle vivait avec son pusher... pour avoir sa drogue. Il la séquestrait. Elle s'est pendue. Quand ils l'ont retrouvée, ça faisait au moins 3 jours qu'elle était pendue. Au moins ça a fait bouger la gang de B.S. de la famille. Il y en a une qui a lâché la coke pour aller s'instruire. Ça fait un beau 4 ans je penses qu'elle n'a pas touché à rien. Elle est à l'université en travail social. Ça aussi le travail social, c'est une invention de la société qui est complètement pourrie. Enfin, les travailleuses sociales qui travaillent pour le gouvernement. Elles m'ont fait perdre mon frère et le reste de ma famille (élargie) pendant un gros 2 ans. Elles ont fait éclater la chicane partout. Elles sont même venues me chercher à l'école pour me demander quand? où? comment? mon grand-père m'avait agressée. C'est leur travail ça d'harceler les enfants jusqu'à l'école? De leurs faire revivre des souvenirs qu'elles ne voulaient plus revivre? C'est dégueulasse. Oui, là je vous jette ça à la figure. Ça ne veut rien dire pour vous. C'est aussi bien comme ça. Comme ça je n'aurai pas à tout expliquer... encore. Oui, je parlais des cons. Je ne fais pas de paragraphes aujourd'hui. C'est tout le même sujet. La société pourrie dans laquelle nous nous noyons tous. Les cons, c'est ceux qui m'empoisonnent le plus la vie. C'est des gangs de gars ou de filles ensemble. C'est les conneries qui se disent. Ça ne vaut pas la peine de les mentionner, juste à y penser ça me donne mal au coeur. Vous le savez probablement. Pas que je dis que vous êtes cons, mais si vous ne l'êtes pas, vous devez être aussi écoeurés que moi de les entendre parler... de savoir qu'ils respirent. En fin de semaine, j'ai eu affaire à toute une bande de retardés. Je suis partie en rogne. Je n'étais plus capable. J'ai fait mon deuil de cette gang-là. Je ne sais pas si je vais y retourner. Là je dis ça, mais je suis aussi pathétique qu'eux autres dans le fond. Ils m'énervent, mais j'y retourne. J'y retourne parce que parmi eux, il y a des gens normaux. Non, il ne faut pas dire normal, la normalité est aussi affreuse. Elle me fait peur la normalité, parce que l'être humain normal est épais. Moi j'opte pour la folie. C'est aussi bien comme ça. Au moins je ne m'identifierai pas à la société. Parce que les fous, on les retire de la société. Il ne faut pas les montrer. Et bien moi je connais des gens atteints de maladie mentale qui sont beaucoup plus futés que certaines personnes que je connais très saines d'esprit. Ce sont eux que l'on devrais enfermer. Enfin, parmi ces singes, il y a des gens qui ont un minimum de savoir-vivre, qui ne me regardent pas comme si j'étais une extra-terrestre parce que j'aime le théâtre ou que je vais à un concert classique. Des gens qui sont capable de me répondre quand je leurs pose des questions plus songées que "Tu viens-tu au Fuzzy (un bar) à soir?" De toute façon, moi je n'y vais pas au Fuzzy. J'y suis déjà allé, parce qu'on m'avait donné le billet. Je n'ai pas aimé plus qu'il faut. Un de mes amis m'a chialé après parce que je l'avais séparé de sa pauvre bouteille de bière qu'il buvait tout seul dans un coin, comme un alcoolique. Il y avait des élèves de l'école qui se passaient la bouteille de fort offerte par cette même école. (Qu'est-ce qu'un cégep aujourd'hui sans les party-saoulerie 15 fois par session? Où est-ce que le monde est rendu? Une école, c'est fait pour apprendre, pas pour se saouler. En passant, pourquoi est-ce que les filles se promènent à moitié habillées dans un endroit supposément voué à l'étude?) Je ne comprends plus rien. Ou c'est moi, ou c'est eux, mais il y a quelqu'un, quelque-part qui ne va pas bien. Ce devrait être eux, mais puisque la société est malade, ce sont des gens comme moi qui sont traités d'illuminés. Dites-moi, dites-moi quelqu'un comment m'en sortir parce que là, moi je ne sais plus. Comment est-ce que vous voulez que l'on soit heureux dans une telle société? Je l'ai sûrement dit plus haut, oui j'ai mes moments de bonheurs, même qu'ils sont assez nombreux depuis un mois et demi, mais il y a toujours quelque-chose pour venir me le gâcher mon bonheur. Suis-je si égoïste? Est-ce que tout le monde n'a pas le droit à son petit bonheur à lui? Pas un bonheur qui dérange les autres, non, même que je suis pas mal altruiste. Juste un petit bonheur tout mignon tout plein, un petit bonheur dans une société pas trop malade, où on n'entend pas tous les jours parler qu'un enfant de dix ans a lapidé tous ses camarades de classe. Comment les enfants en sont-ils arrivés là? Est-ce que les enfants faisaient des crimes aussi crapuleux il y a 30 ans? Quelque-chose est arrivé quelque-part pour que les enfants du monde entier deviennent fous. Moi je vais vous le dire ce qui a changé: la société. Ils n'ont pas appris ça tout seuls. Les enfants, c'est des petits anges. Les enfants c'est pur comme l'air de l'Éden, c'est doux comme de la soie. Les enfants ne tuent pas. Ils jouent au ballon. Ils chantent des comptines. Ils s'émerveillent devant un rien. C'est ça un enfant. On en a fait des monstres. Nous. La société. Tout le monde est dans le même bateau. Parce que tout le monde est dans la société. Jusqu'à ce qu'on veuille en sortir pour ne plus jamais y revenir. Et vous savez quoi? C'est probablement la clé de mon petit bonheur. C'en est la clé parce qu'une vie en société, c'est l'échec certain. Je ne veux pas divorcer. Je ne sais même pas si je veux me marier. Je veux me lier comme font les sorcières dans le livre d'un de mes amis. Je ne veux pas que mes enfants soient contaminés, qu'ils aient peur de sortir le soir. Je ne veux pas que mes enfants soient des tueurs. Je veux qu'ils gardent leur innocence, qu'ils jouent à cache-cache, qu'ils crient, qu'ils courent, qu'ils rient... je veux qu'ils soient heureux. Je ne veux surtout pas qu'un con de ma famille ou de peu importe la famille décide un jour de leur enlever leur innocence. Ça fait trop mal. Et ça reste toujours, toute la vie. C'est comme une tache sur un chandail neuf qui ne veut pas partir. Sauf que là, on ne peut pas simplement jeter le chandail et en prendre un autre dans le garde-robe. Parce qu'on n'en a pas d'autre chandail et qu'il fait froid. On est prisonnier de ce chandail. Et on mourra avec. Parce qu'avec le temps, il s'est collé à notre peau, et ce chandail, c'est une partie de nous. Chaque fois que quelqu'un parlera de cette tache sur notre chandail, ce sera comme si on vous arrachait le coeur. Vous avez honte. Et ça vous fait mal, terriblement mal. Si mal que je ne souhaite pas même aux cons d'avoir un chandail taché dont on ne peut plus se débarrasser. C'est sûr qu'on peut le cacher, tourner les manches, faire comme si de rien n'était. Mais la tache, elle est bien là. Je veux que mes enfants aient le coeur dénudé de taches. Ah! Si vous saviez comme c'est beau dans ma tête. Il n'y a pas de méchants, les gens sont généreux, mes enfants courent et rient comme bon leur semble, j'ai une jolie maisonnette, rien de très extravagant, juste une petite maison en pierre avec une jolie galerie. Derrière, il y a un lac ou une petite rivière. Moi, je suis professeur de littérature. Nous ne sommes pas riches, mais nous sommes heureux. Parfois, j'ai encore le temps de regarder les couchers de soleil. Il y a un jardin à l'arrière et un grand chêne qui supporte une jolie balançoire. C'est un petit bonheur tout simple, mais... il y aura toujours les impôts trop élevés, un voisin qui épie vos moindres gestes, un enfant bagarreur qui taxe votre plus jeune... Vous voyez, mon petit bonheur, il n'est pas possible. Pas complètement du moins. Je ne me vois pas parfaitement heureuse. Claude dit que ça peut être possible, du moins en partie. J'espère qu'il dise vrai. En partant, je vous laisse mon dernier poème. Je l'ai composé aujourd'hui.