Chef-d'Oeuvre Posthume

Au fond de l'atelier, se dresse une sculpture, Dont les grands reins de marbre ont le geste cambré, L'ombre a plaqué lugubre un rayon de son gré Sur le buste, par la lucarne à la toiture. Comme il fallut de nuits, mettant l'art à torture, De labeur pour atteindre à ce pareil degré! En tourbillon massif, le visage effaré, Se voit l'Allégorie emportant sa capture; Et l'on se sent saisi de cette majesté, Ce Michel-Angélique effort qu'il a sculpté: La Faucheuse éternelle et stoïque à son oeuvre: Mais aussi tous les yeux s'imprègnent de moiteur, À la rigidité macabre du sculpteur Mort aux pieds de la Mort, son posthume chef-d'oeuvre. [Extrait de Rêve d'Art] * Les passages en gras signalent des variantes par rapport à la version précédente du même poème intitulé «Sculpteur sur Marbre»