Nuit d'Été

Le violon, d'un chant très profond de tristesse, Remplit la douce nuit, se mêle au son des cors; Les Sylphes vont pleurant comme une âme en détresse Et les coeurs des grands ifs ont des plaintes de morts. Le souffle du Veillant anime chaque feuille, Le rameau se balance en un rythme câlin, Les oiseaux sont rêveurs, et sous l'oeil opalin De la lune d'été, ma douleur se receuille. Au concert susurré que font sous la ramure Les grillons, ces lutins en quête de sabbat, Soudain a résonné toute, en mon coeur qui bat, La grande majesté de la Nuit qui murmure Dans les cieux alanguis un ramage lointain, Prolongé jusqu'à l'aube humide du Matin. [Extrait de Premiers Poèmes]