Sur un Portrait de Dante I

C'est bien lui, ce visage au sourire inconnu, Ce front noirci du hâle infernal de l'abîme, Cet oeil où nage encor la vision sublime : Le Dante incomparable et l'Homme méconnu. Ton âme herculéenne, on s'en est souvenu, Loin des fourbes jaloux du sort de leur victime, Sur les monts éternels où tu touchas la cime A dû trouver la paix, ô Poète ingénu. Sublime Alighieri, gardien des cimetières ! Le blason glorieux de tes oeuvres altières, Au mur des Temps flamboie ineffaçable et fier. Et tu vivras, ô Dante, autant que Dieu lui-même, Car les Cieux ont appris aussi bien que l'Enfer À balbutier les chants de ton divin Poème. [Extrait de Rêve d'Art]