Le Crêpe

Combien j'eus de tristesse en moi ce soir, pendant Que j'errais à travers le calme noir des rues, Éludant les clameurs et les foules accrues, À voir sur une porte un grand crêpe pendant. Aussi devant le seuil du défunt résidant, Combien j'eus vision des luttes disparues Et des méchancetés dures, sordides, crues, Que le monde à ses pas s'en allait épandant. Bon ou mauvais passant, qui que tu sois, mon frère ! Si jamais tu perçois l'emblême funéraire, Découvre-toi le chef aussitôt de la main, Et songe, en saluant la mort qui nous recèpe, Que chaque heure en ta vie est un fil pour ce crêpe Qu'à ta porte peut-être on posera demain. [Extrait de Vespérales funèbres]