Les Camélias Roses

Dans le boudoir tendu de choses Malines, Tout est désert ce soir, Émilynne est au bal. Seuls, de beuax plants de fleurs en un glauque bocal Vont clore peu à peu leur prunelles câlines. Sur des onyx épars, des bijoux et des bagues Croisent leurs reflets maints dans des boîtes d'argent. Le perroquet digère le long spleen enrageant. Tout pleure cette absente avec des plaintes vagues. Le Saxe tinte... Il est aube. Sur l'escalier Chante un pas satiné dans le frisson des gazes. Tout s'éveille alourdi des nocturnes extases La maîtresse s'annonce au toc toc du soulier. Sa main effeuille, lente, un frais bouquet de roses; Ses regards sont voilés d'une aurore de pleurs. Au bal elle a connu les premières douleurs, Et sa jeunesse songe au vide affreux des choses, Devant la scène mort des Camélias roses. [Extrait de Rêve d'Art]