Salons Allemands

Je me figure encor ces grands salons muets Pleins de velours usés et d'aïeules pensives, De lustres vacillants éblouis des convives Qui tournaient dans la valse et les vieux menuets. Je repense aux portraits d'autrefois suspendus Sur le haut des foyers et qui semblaient nous dire Dans leur langue de mort : Vivants, pourquoi tant rire ? Et les beaux vers de Goethe aux soirs d'or entendus. J'évoque les tableaux flamands, et les artistes Qui songeaient en fumant dans leurs chaises tout tristes Et dont l'oeil se portait vers l'âtre hospitalier. Mais surtout et je pleure et ne sais que résoudre. Car voici que j'entends chanter sur l'escalier Le vieux ténor hongrois aux longs cheveux en poudre. [Extrait de Récitals étranges]