Je suis une jeune fille de 28 ans, je me prénomme Julie. Née à Montréal mais élevée en banlieue, j’ai décidé un jour de quitter mon si cher Québec, mon pays, pour aller vivre l’aventure de ma vie. J’ai atterri à Lyon le 21 juin 2001 pour retrouver l’homme de ma vie. Le mariage a été célébré le 8 août de la même année avec comme invités ses parents, mon père, sa sœur et une amie. Depuis, beaucoup de larmes, de découragements, mais tout de même, ma vie a changée, et ce n’est qu’en mieux. La jeune fille que je suis maintenant n’a plus beaucoup à voir avec la poète dépressive et suicidaire que j’étais. Toujours poète, mais d’une autre façon…  car la famille s’est élargie et c’est avec émerveillement que je vois grandir mon petit Théo à qui je transmet de mon mieux mon amour des choses simples.

Longtemps, j’ai cherché le bonheur, mais à trop le chercher on le laisse fuir. Jamais le poète ne sera heureux, ai-je écrit : j’avais raison : du moins ne le sera-t-il jamais complètement.  Le poète est un éternel insatisfait, car son monde est si parfait qu’il est déçu de ce qu’il voit autour de lui.

Malgré tout, après beaucoup d'épreuves difficiles dans ma vie, je suis enfin capable de me faire valoir, de voir la vie d'un oeil nouveau, avec optimisme parfois... C'est fini pour moi les envies de mourir ou du moins je n'y crois plus vraiment. J'ai découvert que si le monde est toujours aussi horrible, je peux toujours, moi, embellir le mien en y ajoutant ma petite touche de poésie. J'ai ma petite «bubulle» à moi, un appartement où je peux trouver des livres à profusion, mon chat, quelques souvenirs de France où j’ai résidé pendant 4 ans, du papier et des crayons et bien entendu une petite bulle collective que je partage avec mon « petit mari » et notre fils. J'ai repoussé les démons qui me hantaient autrefois, ou si c'était impossible, je les ai empêchés de me déranger quand je ne pouvais plus les voir.

J'ai fait des grands pas, des pas de géant, et si l'absence de mes démons ne me facilite pas la tâche quant à l'écriture, du moins elle me permet de vivre.

De nature, je suis une passionnée. J'aime ou je n'aime pas. Lorsque j'aime, c'est avec toute mon âme, toute mon énergie. Je me dévoue totalement à ma passion. .

Une de ces passions est bien entendu la poésie. Sa douce musique m'emporte vers de lointains horizons, où l'air est pur et où il fait bon vivre. En cet endroit, je vois des champs de blé à perte de vue, des enfants qui courent et chantonnent autour de moi. Une douce brise se faufile entre mes boucles brunes et laisse en passant une mélodie céleste. Au loin, une maison de bois et un vieillard qui se berce en fumant sa pipe...


Je voue un véritable culte au poète Émile Nelligan. Je lis tout ce qui me tombe sur la main le concernant, je le considère comme un guide. C'est à lui que je parle parfois, lorsque tout va de travers. Je porte mon regard vers les cieux et je revois ce regard profond et cette allure triste, souffrant de n'avoir jamais été compris. Lorsque je me récite sa poésie, c'est sa voix que j'entends, ce sont ses peurs ou ses cris d'amour que je ressens.

Pour ce qui est de la stèle funéraire élevée en son honneur, j'avoue avoir été déçue. J'imaginais une pierre toute simple, perdue au milieu de nulle part, au lieu de quoi je me suis retrouvée devant un monument de marbre froid et haut... Heureusement, elle est toujours fleurie, on y retrouve fréquemment des poèmes, des mots ou quelques pierres...

Le 21 août 1999, j’ai fait une sorte de petit pèlerinage entre l'endroit où Emile sortait de l'école, rue Bleury , et l'endroit où il vivait à l'époque (avenue Laval, tout près du carré St-Louis). Ce fut incroyable pour moi de revoir l'environnement du poète, d'imaginer la rue Ste-Catherine telle qu'elle était à l'époque, le carré St-Louis avec sa fontaine centrale, ses arbres immenses, tout en imaginant Emile qui passait par là tous les jours. Encore là beaucoup d'émotions et de rêveries.   C’était aussi la quatrième fois que je me rendait sur la tombe du poète.  J’y ai déposé une lettre.   Ce fût pour moi toute une expérience. Je croyais m'y retrouver comme pour la première fois. Un sentiment intense de communion avec le poète, de ressourcement... Il y avait 100 ans et 12 jours qu'il avait été interné...

Au mois d’août 2005, j’ai eu la chance de séjourner dans un gîte du passant aux Escoumins.  La maison construite il y a de cela 160 ans, a appartenu à la famille Barry…  Oui, Robertine Barry, dite Françoise, amie de la famille Nelligan.  Encore beaucoup d’émotions pour moi… 



Du reste de la littérature, je sais apprécier beaucoup de styles, mais je dois vous avouer que j'ai un faible pour les écrivains et les poètes du XIXe siècle. Je cite Hugo, Dumas, Nelligan et les poètes maudits parmi les incontournables. Au XXe siècle, ce sont des auteurs comme Sartre, Vian ou Camus chez les Français et puis Ducharme, Tremblay et Hébert chez les Québécois. Et puis, il y a le Moyen-Âge...