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Je suis perdue. Bénie par les dieux mais pourtant perdue car dans le rêve j'ai voulu demeurer... Perdue car la poésie m'a fait esclave, perdue car je me suis donnée à elle. Je veux partir, partir la rejoindre jusqu'à jamais, me perdre dans ses bras et me laisser mourir, enfin heureuse... Je suis lasse de cette vie qui ne m'offre plus rien. Je n'ai plus la force de combattre cette puissance. La peine est trop affreuse et ma muse ne m'a pas encore aperçue. Et je crie, et je pleure, mais en vain. Elle se détourne. Je ne demande qu'une faveur: avoir encore le pouvoir ou la faiblesse de tendre la main et d'obtenir la pitié de quelqu'un. Qu'on me porte, qu'on m'aide, qu'on me fasse revivre!... ou qu'on me guide jusqu'à l'oubli.

Teeshah
27 mars 1998



Je suis ivre, ivre d'amour pour les vers qu'une nuit un jeune homme en pleurs aurait écrit. Amoureuse de cette poésie qui subtilise mon âme à la sienne, me faisant revivre toute la douleur de ces nuits d'autrefois. Mon corps entier en est empli et les frissons, et les larmes, et la douleur me sont réels. Ah! doux poète qui inonde mon âme de gouttelettes de passion, revis en moi une autre fois... Viens près de mon coeur souffler une douce musique, viens cueillir mon âme et garde-la sur la tienne. Prends mes mains délicates et noircis-les d'encre, garde mes yeux d'enfant pour que je ne puisse plus voir la mort! Et souffle-moi, une dernière fois cette poésie qui m'enivre...

Teeshah
24 mars 1998




Il est un monde où en songe je me retrouve. Un endroit où après leur mort les poètes se retrouvent. Eux qui leur vie entière se sont voués à une exigeante maîtresse, ils obtiennent enfin un repos digne de la pureté de leur âme. Bercés jusqu'à jamais par les vers de leurs roses poèmes, ils rêvent enfin sans être malmenés. Dans les bras accueillants de cette muse chérie, ils ferment enfin les yeux et doucement s'endorment, sans soucis. Il est un monde où l'air est pur, où le vent est doux, où la lune et le soleil se côtoient, où les âmes sont libres...

Seulement ici, pauvre fillette, je suis enchaînée à cette prison d'air noircie. Misérable! Et je souffre, et je meurs dans ce monde immonde qui fait taire mon âme et inonde mes yeux...

Teeshah
23 mars 1998



Encore une fois je relis ce poème et toujours perlent sur mes joues de pêche les larmes trop longtemps retenues. Chaque mot, chaque lettre, chaque vers, sans m'être insupportable me transperce le coeur ou me porte vers les cieux. Tout en ces vers sublimes rappelle le génie des défunts poètes que je ne me lasse plus de lire. Mais une peine, un mal suprême en transpire et s'introduit en mon âme, en mon coeur, en mon corps tout entier. Je tremble, le sol se défait, les rivières deviennent torrents et j'ai mal de cette déchirure.

Teeshah
23 mars 1998




Ha! amour doux qui comme le vin coule vers le fond de ma gorge, pourquoi être soudainement si amer? Comme un lendemain d'ivresse où deux amants auraient uni leurs âmes, tu laisses dans la bouche une langue pâteuse, mais un coeur léger... Deux âmes qui pourtant ne faisaient déjà qu'une, deux soupirs unis pour l'éternité sous le sceau de la poésie. Quels piètres amants nous sommes pour nous laisser ainsi vaguer vers de si impurs discours! Ne devrions-nous pas tels deux innocents enfants garder la magie qui nous entoure et faire de notre amour que pureté, ivresse et poésie?

Teeshah
22 mars 1998



Ha écrire! Écrire des mots funèbres, des mots sans vie, des mots tristes... Comment pouvoir crier ma joie alors qu'au plus profond de mon âme, c'est la noirceur qui à jamais s'étend... un lourd et sombre nuage qui réfléchit la lumière, qui tue les oiseaux, qui étouffe tout embryon d'espoir... Et on me dit que le verre est à moitié plein. Faribole! Il est vide, complètement vide.

Cette nuit je songe à tous ces jours à jamais perdus, ces jours où j'avais encore l'innocence de croire que la vie avait un sens. Les jours où pour moi le verre était plein, plein d'une eau fraîche et claire qui laissait transparaître les rayons du soleil... Un jour une tempête l'a renversé... j'avais cinq ans.

Teeshah
11 mars 1998



Poésie funèbre, vilaine muse, maintenant que me voilà ton entière dévouée, tu te venges de toutes ces années où je t'ai ignorée! Cruelle déesse... Ah! douce traîtresse, pourquoi me faire tant souffrir? Ne t'ai-je pas assez aimée? Les anges voilées voient sur leur tête croître des cornes, les étoiles perdent de leur étincelance. La lune suivra-t-elle ce malheureux chemin?

Teeshah
7 mars 1998



Perdre son temps...

Chaque seconde passée sans rêver, sans vivre dans ce monde magique, poétique, fantastique où trop d'adultes n'ont plus la clé est une perte de temps. Chaque minute jetée en exerçant un travail répétitif où le résultat de ce dur labeur n'est qu'un vulgaire papier destiné à convertir les angéliques au monde robotique est une perte de temps. Chaque heure destinée à l'abêtissement d'une personne, lui interdisant l'accès aux livres, à la peinture ou à la musique d'un certain génie est une perte de temps. Chaque jour où les hommes détruisent au lieu de créer des vies humaines, ces jours où l'enfant perd ses joujoux d'antan pour adopter ceux de la guerre sont perdus à jamais. Et surtout, chaque année, chaque année passées dans l'écrasement d'un autre peuple, est perdue...


Teeshah
8 novembre 1997
(réviséle 3 mars 1998)


Je déteste. Je déteste vraiment. Toutes mes idées, mes valeurs y sont détruites. Il se dit artiste, mais tout ce calcul m'attaque. L'art n'est pas calcul, principe. L'Art vient du coeur, du plus profond de l'âme. L'Art... comment le prévoir, cet être immatériel qui file entre nos doigts, qui passe en coup de vent dans nos cheveux. Comment peut-on prétendre s'en emparer et le garder en cage alors que sitôt prit il s'enfuit?
C'est moi qui ai raison. Le monde est pourri. Plus personne ne lit. Écrire pour les lecteurs moyens qui acceptent aisément cette planète enrhumée? Jamais. Je veux écrire pour des gens capables de compréhension, d'illusions... des poètes!

Encore cette idée de voyage et d'inconnu à la découverte de l'impossible. Voilà ma conception de la vie, et moi, je veux vivre! Écrire sans calcul, mais écrire avec tout mon coeur et toute mon âme. C'est tout ce que je demande, mais personne, ne me le permet...


Teeshah
21 février 1998


Aimer à en perdre la raison. Passionnée par une idée, un sentiment intense, presque interdit. Penser à ne plus rien savoir! Plus rien que cette pensée qui me harcèle et me poursuit sans jamais pouvoir m'en défaire. Enchaînée, oui, enchaînée à cette condition qui m'est pourtant si agréable! Pourquoi alors me sentir coupable?

Malgré les blessures et les coups, les déchirures, je ne peux m'arrêter. Une obsession qui comme une folie vous empêche de vivre, mais qui vous le permet, vous octroie ce privilège, de survivre!

Tel un tourbillon elle me poursuit...


Teeshah
21 février 1998

À bébé Félix

Petits yeux d'une profondeur infinie, tu scrutes le monde avec une curiosité impatiente. Insouciant du monde malsain qui déjà t'entoure, tu vis, là, dans ta bulle restreinte, riant à un sourire, pleurant à un biberon tardif. De tes petits doigts agiles, tu scrutes tes gentils orteils, puis avance, vacillant, vers de nouvelles aventures. En toi déjà une imagination fertile se forme, richesse inestimable que t'enlèveront les années. Tu devras être fort, te montrer ferme et persévérer si tu veux pour toujours la garder. Les rêveurs de tous les temps ont été persécutés. Mais soit sans crainte, cher enfant, je saurai te protéger contre ces affreux...

Teeshah
17 février 1998



Bonjour,
Est-il un jour qui soit bon? J'erre telle une morte-vivante dans un pays sans nom. On m'a volé, un soir d'hiver, tout sentiment: toute peine, toute joie. Rien ne me fait plus rire, rien ne me fait plus mal. C'est le néant qui m'entoure tout simplement, et pendant que me harcèle ce voleur de tourments, mille questions tourbillonnent dans ma tête. Je ne sais plus que faire, que penser, que dire! Tout m'est indifférent... Je lis, je lis, mais même mes lectures me pèsent. Je ne veux qu'écouter, les yeux fermés, le geste doux, une douce poésie, tendre musique, glisser ses vers en direction de mon coeur.

Teeshah
17 février 1998


Frisson! Mon regard se pose sur l'absolu génie. Lui qui toutes les nuits emplissait d'encre le papier, lui qui a terminé sa vie dans l'oubli. Donne-moi, poète béni, la force d'écrire à l'infini sans jamais me lasser! Dicte-moi les mots que je dois former sur ce papier froissé. Montre-moi la musique de tes jours d'antan!

Ah! Si de ta tombe tu pouvais te relever afin de connaître enfin la gloire, rapide ascension. N'aurais-je pu, moi, pauvre fillette, ouvrir les yeux sur le siècle dernier? Aurais-je su apprécier ton talent en ces jours reculés? Tu étais mélancolique et méprisé par celui qui t'a engendré... Et s'il t'avait aimé?

Guide ma main... Guide-la jusqu'à ce que je tombe de fatigue...

Teeshah
6 février 1998



En cette journée glaciale, j'ouvre les yeux sur un monde sans vie. Mon coeur autrefois joyeux attire vers lui ses malheurs les plus chers. De doux souvenirs qui le brise en morceaux et noircissent le soleil. Sur mon chemin, des cadavres et des chutes éteintes recouverts d'un manteau grisâtre. Les oiseaux ont perdu leurs ailes et leurs frêles pattes sont prises dans l'eau gelée. Aucun mouvement ne leur est possible, ne serait-ce qu'un cri difforme rappelant à eux les anges démoniaques. Ah! Si une quelconque psychose pouvait m'atteindre afin que de ce monde cruel je puisse m'envoler! Dites-moi, ô poète, ce que je dois accomplir et je m'exécuterai. Venez prendre en vos bras meurtris cette pauvre fille que je suis et portez-moi jusqu'en votre royaume! Peut-être y trouverais-je enfin la paix?

Teeshah
21 janvier 1998