Les
poèmes que vous aurez l'honneur de voir proviennent principalement de la collection
Nelligan-Corbeil. Cet échantillon de l'oeuvre de Nelligan a été conservé dans
la famille pendant toutes ces années. C'est avec la permission du neveu de Nelligan,
Maurice Corbeil, que Paul Wyczynski a relié, commenté et organisé dans un ordre
précis les poèmes du grand poète. Ce livre est une version «de luxe» des poèmes
autographes d'Émile Nelligan. En fait, à ma connaissance, ce livre représente
la seule version comprenant tous les poèmes autographes de Nelligan existants
à ce jour. (S'il-vous- plaît, corrigez-moi si j'ai tort.) Vous pourrez avoir
comme moi l'immense honneur de lire ces poèmes écrits de la main du poète en
lisant ce livre, des éditions Fides, collection Le Vaisseau d'Or.
Le Spectre est certainement le poème de Nelligan qui me fait le plus frissonner, j'irais jusqu'à dire que c'est celui qui me fait le plus peur. Il dénote un fort sentiment d'ennui, probablement dû à sa jeunesse très difficile. C'est une oeuvre dont je n'ai jamais lu d'analyse, mais qui suscite en moi de nombreuses questions. Il y a beaucoup de symboles dont je ne comprends pas le sens, mais qui m'attirent tout autant que ceux qui me sont familiers.
Originalement, cette oeuvre a été écrite sur un papier de couleur crème légèrement foncée de format 20,7 x 33,5 centimètres.
Ce poème écrit sur un papier grisâtre de 11,5 x 16,5 centimètres a été écrit un 16 mars 1897, quelques mois après l'anniversaire de sa tendre amie. Marie Anne Édith Euphémie Larrivée , est la fille de Joseph-Philéas Larrivée et de Marie-Léonise Lepage. Cette dernière était une amie intime de la mère de Nelligan. Souvent, les deux familles se rencontraient dans des soirées où Édith chantait, accompagnée de sa mère Léonie au piano et de son père au violon. Très souvent, Nelligan y récitait quelques-unes de ses oeuvres au grand plaisir de son assistance.
Ce dernier poème autographe, Le Suicide d'Angel Valdor, dédié à Wilfrid Larose, président de l'École littéraire de Montréal, raconte l'histoire tragique d'un sonneur de basilique, Angel Valdor. Ce dernier épousa sa fiancée en avril, mais réalisa bien vite que cette jeune fille «aux yeux noirs, au blond chef» se condamnait elle-même à l'adultère. Le pauvre homme s'enlèvera la vie, au mois de novembre, au fond d'un noir clocher.
Ce poème a évidemment une connotation romantique,
mais Nelligan, qui déjà en 1899 pensait depuis un long moment au suicide, y
a adroitement inséré sa touche personnelle.
Ce poème a été retrouvé sur une feuille non lignée de couleur crème, de 20,4
x 30,7 centimètres. Il faut aussi remarquer que ce poème n'est pas écrit au
propre. Il est intéressant de voir comment Nelligan se bat avec les mots, essayant
de trouver le mot juste. Ce poème démontre le travail ardu que Nelligan apportait
à ses uvres