Je suis entièrement d'accord avec monsieur Bessette quand il affirme que ce poème (Le Vaisseau d'Or) représente une descente aux enfers. En effet, on peut remarquer que si au début du poème, les noms et les adjectifs sont très positifs, ils le sont beaucoup moins à la fin. Les adjectifs "grand", "or" et les noms "or", "azur", "soleil", "trésor" peuvent représenter le paradis. D'autre part, les mots "horrible", "profane", "nuit", "profondeur" et "abîme" représentent bien une descente aux enfers. On peut aussi remarquer que la description du vaisseau se fait du mât à la carène, donc du haut vers le bas. Les strophes 7 et 8 représentent pour moi le moment précis où la descente aux enfers aurait eu lieu.

Ensuite, Gérard Bessette raconte que ce poème représente un repli sur soi. Encore une fois, je dois avouer qu'il a raison. En effet, si la première strophe donne une idée de grandeur, les suivantes se resserrent jusqu'à plonger le poète dans "l'abîme du Rêve", un abîme étant un gouffre insondable. Donc, à la première strophe, on retrouve le mot "mâts" qui désigne l'idée d'espace et "azur" qui désigne l'infini. Le vaisseau vogue libre sur l'océan. Déjà, la deuxième strophe le serre un peu et l'enferme au fond d'un "Gouffre" qu'il qualifie de "cercueil", objet qui enferme le corps. Plus tard, dans la dernière strophe, il a déjà sombré dans ce gouffre sans fond. En regardant attentivement la forme du poème, on remarque que les deux premières strophes sont de quatre vers alors que les dernières n'en comptent que trois, signe de repliement.

Finalement, on dit de ce poème qu'il est autobiographique. Je suis toujours en accord avec cette affirmation. La "Cyprine d'amour", celle qui reste liée au vaisseau, représente Françoise, son premier amour. Un amour très pur qu'il gardera toujours comme un amour Idéal. Ensuite, vient dans sa vie Gretchen, une belle "Sirène" qu'il aime d'un amour charnel. Élevé dans la religion, il croira que la seule pensée de cet amour le mènera en enfer. Elle le mène donc au fond du "Gouffre", l'enfer. La troisième strophe est pour moi très importante, car elle représente tout ce qui a pu gruger son coeur mis à nu, soit le "Dégoût", une répugnance morale que représente Gretchen, la "Haine" envers son père et la "Névrose" qui déjà l'attaquait. Enfin, la quatrième strophe représente Nelligan à la fin de sa vie, alors qu'il a sombré à jamais dans le "Rêve", donc la folie.


*Analyse que j'ai faite dans le cours de littérature québécoise donné par Ginette Laurin au Cégep Montmorency, session automne 1997*